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les trois, saisi la signification de l’arrivée de ces trois hommes pendant la nuit : on venait pour nous arrêter. La même pensée avait produit la même détermination : il fallait résister. Pas une parole ne fut prononcée, pas un signe ne fut échangé. Chacun prit ses armes, résolu à vendre sa vie le plus chèrement possible. Nous avions trois bons fusils de chasse chargés de chevrotines, et s’il fallait en arriver là, nous étions prêts à combattre et à mourir. Le chien continuait à aboyer avec fureur et les cavaliers devaient être indécis, car quelques moments s’écoulèrent avant qu’ils ne se résolussent à frapper à la porte. L’un d’eux s’approcha enfin et demanda à haute voix l’entrée de la cabane. Je lui répondis par trois questions : — Qui était-il ? D’où venait-il ? Que voulait-il ? L’étranger répondit en mauvais français qu’il était à la recherche de deux patriotes fugitifs, Jean-Baptiste Girard et Amable Marion, et qu’il avait le pouvoir et l’autorité de les arrêter, morts ou vifs.

Nous nous consultâmes un instant avant de leur répondre et le capitaine Marion nous proposa de sortir hardiment de la cabane et de leur résister, coûte que coûte, s’ils faisaient mine de nous arrêter. Le vieillard paraissait indécis, mais comme le temps s’écoulait et qu’il fallait prendre une résolution immédiate, je répondis à l’étranger que