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SOUVENIRS D’UN CONTRE-GUÉRILLAS

Monterey. Je lui fis part de ma résolution de me rendre à Salinas, malgré les avis que j’avais reçus de la présence des juaristes en cet endroit, et je lui racontai mon arrestation subséquente par ses hommes.

Il continua sa promenade pendant quelques minutes, en paraissant réfléchir à la plausibilité de mon histoire ; puis se tournant vers moi tout à coup :

— Vous me paraissez un bon diable, dit-il et je crois que vous me dites la vérité. Mais si vous n’étiez un des hommes de Dupin, j’ajouterais à peine foi à vos paroles. Votre régiment se bat comme une brigade et les bons soldats sont amoureux en diable les Français surtout. Que diriez-vous, sergent, si je vous offrais les épaulettes de capitaine dans un de mes régiments de lanceros ?

— Je dirais, général, que vous voulez probablement vous moquer de moi, ce qui serait à peine généreux de votre part.

— Rien de plus sérieux. Dites un mot et vos armes vous seront rendues avec votre liberté. De plus, comme je vous l’ai déjà dit, une compagnie de braves soldats de la République Mexicaine sera placée sous vos ordres.

— Général Trevino, répondis-je en me redressant et en le regardant en face, si quelque malheureux, oubliant son devoir et son