Page:Beaugrand - Anita souvenirs d'un contre-guérillas, 1874.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
SOUVENIRS D’UN CONTRE-GUÉRILLAS

Quien vive ?

Amigos ! répondirent en chœur mes interlocuteurs qui s’avançaient toujours, et qui me lancèrent en passant des bonjours qui me parurent équivoques. Je les laissai s’avancer et traverser la rivière, mais je résolus de ne pas les perdre de vue, pour éviter toute espèce de malentendu avec des personnages que je soupçonnais fortement d’appartenir à quelque bande du voisinage. Je les suivis donc à distance, bien décidé à ne pas leur donner la chance de se cacher dans les broussailles et de me lancer une balle à la manière habituelle des brigands à qui nous faisions la guerre.

Je crus m’apercevoir que l’un d’eux tournait de temps en temps la tête, comme pour bien s’assurer que je le suivais toujours, mais j’en arrivai bientôt à ne plus y porter attention et à croire, qu’après tout, ces pauvres diables pouvaient bien n’être que de paisibles fermiers qui revenaient de Monterey. Je me relachai donc de ma surveillance et je retombai peu à peu, dans la série d’idées couleur de rose que m’inspirait l’espoir de me trouver bientôt auprès d’Anita.

Vous souriez probablement, lecteur, de mon infatuation amoureuse quand je vous nomme ma passion ; mais avant de vous raconter les aventures que me valut cet attachement digne d’un meilleur sort, laissez-moi vous dire qu’elle en valait la peine, ma Mexicaine.