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Celui qui aura attentivement examiné notre étude sur l’ordre des mots en Esperanto ne pourra manquer de conclure avec nous que la langue du Docteur Zamenhof a triomphé d’une façon tout à fait remarquable de la difficulté qu’elle avait à résoudre. Elle rejette la construction allemande et toute autre analogue, parce que cette construction, pour ainsi dire mécanique, gêne et ralentit continuellement la pensée. Elle repousse la construction française, qu’elle trouve à bon droit peu logique et beaucoup trop rigide. Soucieuse de donner à la pensée humaine la plus grande liberté possible d’expression, elle ne va pas cependant jusqu’à imiter sur ce point les erreurs du latin, en sacrifiant la clarté de l’idée à certains effets scéniques ou à des recherches exagérées d’euphonie. Elle se contente d’être, grâce surtout à son accusatif, plus libre et plus souple dans sa marche que l’italien lui-même.