dans cette langue, et, cela fait, votre oreille vous mettra facilement en garde contre le voisinage peu euphonique de certains mots.
Cependant, gardez-vous bien de prendre, par une recherche exagérée d’euphonie, des dispositions peu naturelles qui vous feraient perdre une qualité cent fois plus importante : la clarté.
Laissons ce travers au latin, ne l’imitons pas.
Ce que nous venons de dire élimine a fortiori toute construction calquée sur la construction allemande, qui est vraiment trop spéciale pour pouvoir être imitée en Esperanto. D’ailleurs, nos voisins s’en rendent si bien compte que, pas plus en Esperanto que dans les autres langues, ils ne rangent les mots comme dans la leur.
Pour donner une idée de la souplesse et des ressources que l’Esperanto présente, au point de vue de la construction, sans rien perdre au point de vue de la clarté, nous allons examiner les différentes façons dont il peut ranger les mots de cette phrase française : J’ai rencontré Pierre auprès de l’église. Nous ne pouvons, en français, que lui laisser l’ordre qu’elle a. L’Esperanto en rangera les mots de trois façons différentes sans qu’elle perde rien de sa clarté, de sa légèreté, ni de son intelligibilité.
1o Mi renkontis Petron apud la preĝejo.
2o Apud la preĝejo mi renkontis Petron.
3o Petron mi renkontis apud la preĝejo.
Place de l’adjectif. — Le qualificatif précède ou suit à volonté le nom qu’il qualifie.
Exemple. — Via ĝentila letero ou via letero ĝentila. Votre aimable lettre.
Le déterminatif précède généralement.
Exemple. — Tiu ĉi homo. Cet homme. — Du soldatoj.