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LES HORIZONTALES


Qu’a la belle, ce soir ? que sa porte est fermée,
Disaient les boudinés, la prunelle allumée ;
Il paraît qu’elle est sombre et pleure abondamment.
Ceux qu’elle ruina lui cherchent-ils querelle ?
Les spectres blancs des fous, qui moururent pour elle,
Sont-ils venus danser dans son appartement ?

Qu’a-t-elle ? demandait sa compagne fidèle ;
Celui qu’elle préfère a-t-il donc fait fi d’elle ?
Dans ses beaux cheveux noirs vit-elle des fils blancs ?
Qui la peut égaler dans l’une et l’autre garde ?
Elle est éblouissante et, tout Paris regarde,
En tremblant, ses grands yeux troublants !

Qu’a Vénus ? s’exclamait un poète lyrique :
Pourquoi ce deuil, pourquoi cet air mélancolique ?
A-t-elle lu des vers de monsieur Legouvé ?
Quel nuage est venu troubler ce ciel d’opale ?
Sa paupière est bien rouge et son front est bien pâle !
Et tous cherchent. Hélas ! aucun d’eux n’a trouvé.

Si la belle qui fait dresser toutes les têtes
A, depuis trois longs jours, abandonné les fêtes