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passé un marché avec une compagnie de Juifs, qui s’était engagée à assurer les subsistances de l’armée jusqu’à Wilna, en passant par Kalouga et Toula, et laissant sur la droite Smolensk et tout le pays dévasté.

Depuis long-temps j’épiais avec anxiété l’occasion d’abandonner une armée dont je pressentais la perte et les malheurs. Malgré les égards avec lesquels j’étais traité par les employés de l’administration, dont les fonctions étaient supérieures aux miennes ; malgré les témoignages flatteurs d’estime et de considération que me prodiguèrent constamment, dans mes rapports avec eux, les généraux Valence, Lagrange, Dejean, Renaud, je sentais que je n’étais point à ma place dans une armée qui ne combattait que pour assouvir l’ambition d’un despote. La nécessité m’avait entraîné de force sous les drapeaux de Napoléon ; mais je ne pouvais oublier que j’avais eu une autre bannière, et cette pensée revenait sans cesse se placer dans mon cœur. Je résolus