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partie du pays insurgé qui s’étend de la rive droite de la Loire jusque vers le Maine et la Normandie. Il prit le titre de général en chef de la haute Bretagne et bas Anjou, et bientôt il eut sous ses ordres une des armées royales les plus redoutables.

Cette armée, presque indépendante, prit un grand accroissement après le désastre de Quiberon, et s’enrichit pour ainsi dire des débris de cette expédition malheureuse. Le quartier-général avait été porté au château de Bourmont, près Candé. Là un grand nombre d’officiers émigrés, échappés au carnage, vinrent grossir l’état-major. Le comte Godet de Châtillon, l’un d’eux, y prit une prépondérance que donnent l’estime et le respect. Il avait fait la guerre sous les yeux du prince de Condé. Blessé dangereusement à l’attaque des lignes de Weissembourg, son âge et ses honorables cicatrices semblaient le dispenser et même le rendre incapable d’un service actif ; pourtant il avait tourmenté le comte de Puisaye, à l’ouverture de