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beaucoup. » Ces paroles de la princesse venaient de la confiance que j’avais toujours montrée que l’empereur de Russie était le seul monarque qui pût terminer nos malheurs et qui en eût la volonté. Dans les momens les plus fâcheux de son humeur contre le Roi et ses fidèles serviteurs, et même quand il ordonna notre expulsion de ses États, je n’en désespérais pas encore. Paul Ier était fantasque, irascible et violent ; mais il était aussi plein d’honneur, de franchise et de probité ; il était ennemi juré de la révolution française, de ses auteurs et de ses partisans. Comme il était intraitable à ce sujet, Bonaparte fut trop adroit pour l’attaquer de front ; tout fut mis en usage pour l’abuser. Paul Ier était vaniteux ; on le flagorna, on employa, non-seulement auprès de ses intimes, mais même auprès de lui-même, tous les moyens de séduction, tous ceux qui pouvaient avoir prise sur lui. C’est ainsi qu’avec des mesures détournées on obtenait tout de lui ; on lui faisait approuver ou accorder des choses ab-