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infortunés qui étaient morts de froid. Le gouverneur de Resen fut informé de cet acte d’inhumanité ; mais il paraît que M. Romoine parvint à assoupir l’affaire en faisant abandon au gouvernement de la propriété dans laquelle cet événement avait eu lieu.

La conduite barbare de cet homme offre une triste et choquante opposition avec le caractère naturellement généreux et hospitalier de la nation russe ; car il est constant que les prisonniers français étaient traités avec toutes sortes d’égards, pourvu qu’ils ne frondassent ni les opinions religieuses, ni les usages du pays. Ceux qui avaient des talens, ou qui exerçaient un art, une profession quelconque, étaient très-recherchés. S’il s’en est trouvé un grand nombre qui, à leur rentrée en France, étaient dans un dénûment absolu, c’est plutôt une preuve de leur inconduite que de la rigueur de leur captivité. Chaque prisonnier avait douze sols par jour. On n’exerçait envers lui d’autre surveillance que celle qui résulte de la discipline militaire ; et