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était une heure du matin, et nous étions accablés de sommeil et de fatigue ; pour arriver au quartier des Francs, et pour nous y retrancher, il nous aurait fallu encore plus d’une heure. Le général Dupuis, jugeant combien le repos nous était nécessaire, fit enfoncer la porte d’une maison assez vaste qui se trouvait sur notre passage et qui appartenait à un officier des mameloucks ; nous nous y arrêtâmes pour nous y reposer et attendre le jour. Le lendemain quatre de nos divisions passèrent le Nil, occupèrent la ville et le château. Le même jour le général en chef Bonaparte y fit son entrée accompagné de l’état-major général. Le peuple, remis de sa première frayeur, vint en foule au-devant de nos troupes, et la capitale de l’Égypte présenta le mélange bizarre d’une armée européenne au milieu d’une population musulmane, offrant une grande variété de vêtemens et d’individus. Le peuple se porta au-devant de l’armée avec tant d’affluence que plusieurs soldats furent étouffés et écrasés