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laient le visage comme les bouffées qui s’échappent de la bouche d’un four. Nous arrêter ou abandonner les malades, c’eût été les exposer à périr de faim ou de soif, ou à être égorgés par les Bédouins.

Enfin, vers les quatre heures du soir, nous aperçûmes les palmiers de Salahiéh, où finit le désert ; nous nous hâtâmes d’y arriver. Les fellahs, qui sont dans l’usage de porter aux voyageurs altérés de l’eau du Nil pour la leur vendre, vinrent en grand nombre à notre rencontre avec des jarres et des outres qui étaient pleines d’une eau que nous savourâmes, et que nous payâmes au même prix que si c’eût été du vin.

Enfin nous arrivâmes à Salahiéh, où l’armée se crut au terme de son pénible voyage. La vue d’une campagne fertile, ombragée de palmiers, l’eau du Nil que nous étions sûrs désormais de trouver sur toute la route, l’air pur et de meilleurs alimens, tels que du pain, du laitage, des œufs, des poules, des pigeons, des melons et des pastèques en