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Il était impossible dans ces provinces de prendre possession des biens des mameloucks, et même de s’y établir, à cause de la résistance que faisaient tous les villages, et de la manière dont ils recevaient nos troupes et nos ordonnances. Journellement les Arabes attaquaient nos barques sur le lac Menzaléh, les pillaient et assassinaient les escortes. Hassan-Toubar, cheik de Menzaléh, était soupçonné d’être à la tête de l’insurrection de cette partie de la province. Ce fameux cheik des Arabes habitait la ville de Menzaléh avec sa famille ; elle comptait quatre à cinq générations de cheiks. L’autorité d’Hassan-Toubar était très-considérable dans ce canton ; elle était fondée sur son crédit, ses richesses, une nombreuse parenté, la grande quantité de salariés qui dépendaient de lui, et l’appui des Bédouins auxquels il donnait des terres à cultiver, et dont il comblait les chefs de présens. Hassan-Toubar était en outre un des plus riches propriétaires de l’Égypte, et peut-être le seul qui, sous le règne des mameloucks, ait osé accumuler