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Il a de l’audace. Il vous fait croire qu’il aime la chasse, et je ne dis pas non. Mais l’aimer comme lui, je n’en ai pas vu d’autre. Est-ce pour son plaisir seulement qu’il va jusqu’au bout du Marais tuer un couple de vanneaux ; qu’il attrape la fièvre à piquer des anguilles avec la fouine ; qu’il passe des nuits entières dehors après avoir travaillé le jour ? Non, c’est pour Rousille, pour Rousille, pour Rousille !

La voix s’enflait, et pouvait être entendue de la maison.

— Je veillerai, mon garçon, dit le père. Ne te mets pas en peine.

— Ah ! si j’étais que vous, j’irais demain au petit jour sur le chemin du Marais, et si je les prenais ensemble…

— Assez ! interrompit le métayer. Tu ne te fais pas de bien à tant parler, Mathurin. Voilà Lionore qui te cherche.

La fille aînée s’avançait, en effet, derrière eux. Comme d’habitude, elle venait pour aider Mathurin, qui remontait difficilement les marches du seuil, et pour délacer les chaussures qu’il avait du mal à quitter. Dès qu’elle lui eut touché le bras, il la suivit. Le bruit de béquilles et de pas mêlés s’éloigna. Le père demeura seul.