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mais des descendants ? Le vieux avait remarqué justement, depuis des mois déjà, que François et Éléonore complotaient quelque chose. Ils recevaient des lettres, l’un ou l’autre, dont ils ne disaient rien ; ils se parlaient aux coins des champs ; quelquefois la fille écrivait le dimanche, sur du papier sans fleur, comme on fait quand on n’écrit point à des amis. Et l’idée lui était venue que ces deux enfants, las d’être gouvernés et grondés, bien doucement pourtant, cherchaient une métairie où ils seraient leurs maîtres, dans quelque paroisse voisine. Il n’osait pas approfondir cette pensee-là. Il la repoussait comme un soupçon injuste. Mais elle traversait son esprit, car il n’avait pas de plus grand souci que l’avenir de la Fromeniiôre, et François, c’était l’héritier, maintenant, depuis le malheur de l’aîné. Quand le travail était à peu près bon, le père songeait avec joie : « voilà mon gars qui s’y remet, tout de même ! »

En verité, des quatre enfants qui se trouvaient groupés dans la salle de la grande ferme, en cette soirée de septembre, une seule personnifiait, intacts, tous les caractères et toutes les énergies de la race : c’était la petite Rousille, qui mordait un grignon de pain donné par Éléonore. Une