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relevés, sa tête enfoncée dans la moisson molle, il suivit le sillon, tourna, et descendit par la piste qu’avaient tracée dans l’herbe les pieds des gens et des bêtes. Au moment où il arrivait au coin du champ, devant une brèche de la haie, une forme svelte de toute jeune fille se dressa dans le clair de la trouée.

— Bonsoir, père ! dit-elle.

Il ne put s’empêcher de songer aux mauvais propos qu’avait tenus le garde, et ne répondit pas.

Marie-Rose, les deux poings sur les hanches, remuant sa petite tête comme si elle pensait des choses graves, le regarda s’éloigner. Puis elle entra dans les sillons, ramassa le reste des feuilles laissées à terre, les noua avec la corde qu’elle avait apportée, et, comme avait fait le père, souleva la masse verte. Elle s’en alla, courbée, rapide pourtant, le long de la cheintre.

Pénétrer dans le champ, rassembler et lier les feuilles, cela lui avait bien demandé dix minutes. Le père devait être rentré. Elle approchait de l’échalier, quand, tout à coup, du haut du talus dont