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Lisant chaque jour le Times, afin de mieux connaître toutes les supériorités de l’Angleterre, et le progrès de l’Empire dans le monde, il refusait, d’ordinaire, de reconnaître les fautes de son parti, ou de son pays. Quand, par exception, il apercevait une fissure du temple, il la bouchait aussitôt avec un aphorisme, et disait : « Je n’ai aucune crainte, aucune ; le peuple, ici, a du bon sens. » On ne l’avait jamais vu pleurer. Dans les quelques circonstances douloureuses qu’il avait traversées, mort de sa mère, — la vieille femme était morte à Redhall, — maladie grave de lady Breynolds après la naissance de son second fils, sir George s’était enfermé dans ses appartements, il n’avait parlé à personne, et quand il était sorti enfin, on avait remarqué qu’il avait changé, maigri, pâli, et que la souffrance morale, par conséquent, avait prise sur ce cœur très caché.

Le soir tombait. À travers les baies du salon, on voyait, sur les cimes et sur les lisières des futaies, la gerbe fauve du soleil. Lady Breynolds se leva, et les invités montèrent dans les chambres qui leur avaient été désignées, pour se reposer et s’habiller. Quelques minutes avant