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— Oui, mais je n’ai pas votre croyance. Dieu n’a pas répondu. J’ai détruit la foi que j’avais, et je ne l’ai pas, l’autre. Il m’est impossible de me considérer comme faisant partie de la communauté religieuse dans laquelle j’ai été élevé, et, en même temps, si je songe à ce que je viens de nommer la perfection du christianisme, à votre foi romaine, toutes les images, toutes les défiances, toutes les imprécations dont j’ai été pénétré, surgissent et revivent. Et, — je vous fais mes excuses de vous dire cela, mais il faut que vous connaissiez mon état d’esprit, — je me demande si le signe de la croix n’est pas le signe de la Bête ; je pense à la Babylone corrompue ; je vois se dresser le fantôme de la Scarlet woman ; je récite de mémoire l’apostrophe de George Borrow, le distributeur de Bibles, dans un autre livre de ma jeunesse, The Bible in Spain, quand il dit : « Pape de Rome ! Je crois que vous êtes aussi méchant que jamais ; mais vous n’avez plus de puissance. Vous êtes devenu paralytique, et votre massue a dégénéré en béquille. » Puis je m’effraie, je m’épouvante, en songeant que peut-être les hommes ont enduré tant de souffrances,