Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la galerie, tournèrent la façade nord de Redhall, passèrent le long du saut-de-loup qui défend, de ce côté, le jardin de fleurs des Breynolds, puis s’engagèrent parmi les châtaigniers géants, contemporains du château, et elles descendirent, ombres menues et sans bruit, perdues dans le grand espace, sous les arbres qui avaient été plantés pour ne croiser leurs branches qu’après deux siècles. Les feuilles de l’an passé achevaient de mourir, rassemblées par le vent, moulées par l’hiver sur la surface de l’avenue verte, où elles demeuraient blondes. Madame Limerel marchait entre les deux jeunes filles. Elles prirent la première allée qui coupait la châtaigneraie et qui s’enfonçait, en ligne courbe, dans les futaies de chênes. En un quart d’heure, elles étaient auprès de lady Breynolds, qui avait voulu venir jusque-là pour voir le progrès de ses rhododendrons. Celle-ci, du haut de la berge, montrait le lac, en forme d’ellipse, autour duquel les rhododendrons s’étageaient en houles, en gradins inégalement épais, mais sans brisure. Ils avaient étouffé toute autre végétation. Ils enserraient l’eau verdâtre des plis soulevés de leurs feuilles