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Le lendemain soir, vers quatre heures, dans le bel éclat adouci d’un jour qui avait été clair depuis l’aube, dans le silence alangui d’un dimanche anglais, une automobile vint prendre les deux Françaises, à la porte de leur villa, et les emmena dans la direction du sud. Madame Limerel, en souvenir de « l’équipage », recommanda au chauffeur d’aller lentement. À peine trois quarts d’heure de voyage, sur de belles routes étroites : d’abord, un plateau cultivé, presque sans arbres, dont les pentes lointaines, de deux côtés, s’abaissaient vers la mer ; puis une dépression du sol, de grands espaces d’herbes divisés en pâtures par des lignes de fil de fer et de poteaux, chenal abandonné anciennement par l’Océan aux graminées ; enfin des collines solidement nouées les unes aux autres, quelques-unes boisées, d’autres labourées et où le vent, passant sur les guérets en arc, lève de la poussière comme sur le dos des houles. La limousine, arrivée au bas d’une de ces collines, s’engage dans un chemin montant que bordent des tailles clairsemées ; elle entre sous la futaie, passe devant une porterie plus moussue que la forêt, et plus humide ; elle roule sur le sable