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— Je ne veux pas le savoir. Sommes-nous destinés l’un à l’autre ? Réginald, ne nous laissons pas aller à des paroles de faiblesse. Commandons à nos pauvres cœurs, troublés par l’épreuve, et qui cherchent une consolation. C’est à moi de vous avertir. Vous allez me quitter : gardez le droit de m’oublier.

— Je n’en veux pas !

— Non, ce n’est pas à cette dernière minute que vous pouvez me parler d’amour pour la première fois, me demander une promesse, m’en faire accepter une. Réginald, nous avons à nous faire des adieux encore plus nobles, plus grands, plus dignes de nous.

Marie avait repris l’expression qu’elle avait eue, dans les bois de Redhall, lorsqu’il lui demandait conseil. Sa belle tête fine s’enhardissait et se haussait de toutes les énergies de la race, de sa noblesse, de sa pureté, de sa pitié sans faiblesse, de son pouvoir de sacrifice, de sa confiance à l’heure des batailles difficiles. Les yeux qui avaient presque pleuré étaient clairs, graves, et ils ne regardaient plus Réginald pour comprendre, pour deviner, pour suivre la pensée d’autrui, mais pour commander,