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— J’ai changé, n’est-ce pas ?

— Ce qui s’embellit change aussi.

— J’ai été si troublée que je ne me croirais pas le droit, en ce moment, d’accueillir l’amour d’un autre. Il faut, pour que je puisse écouter, que les souvenirs ne me parlent plus. Je croirais profaner la tendresse qu’on m’offrirait, si une ombre en moi s’y mêlait…

— Âme charmante que vous êtes !

— Je veux être forte tout à fait contre le passé. Je veux qu’il n’y ait pas un regret, comprenez-vous, pas une poussière d’amour brisé, dans l’âme que je donnerai à celui qui viendra.

— Il est venu, Mary.

Elle ne répondit pas.

— Dites que je puis vous aimer, je n’aurai plus de solitude ; je m’en irai dans la joie.

La main qui n’était que posée sur l’arbre s’y appuya.

— Dites que vous me permettez de vous écrire de là-bas. Et que vous m’écrirez, vous aussi ?

Elle fit un signe d’assentiment, et Réginald reprit :

— Alors, vous m’aimerez, j’en suis sûr !