Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Que je voudrais que nos pensées eussent été les mêmes ! Vous m’aviez appris une nouvelle qui a été une cause de regrets, de larmes, et d’espérances pour moi. Rappelez-vous vos derniers mots.

— Je me souviens.

— Vous m’avez dit que vous n’étiez pas fiancée. Pendant des heures et des heures, j’ai songé à vos paroles, et je me suis résolu à vous parler autrement que je n’aurais fait avant-hier, ou un jour d’autrefois.

— Vous avez tort, je le crains.

— Ne m’arrêtez pas ! Laissez-moi vous parler, moi qui serai bientôt si loin de vous. J’ai interrogé mes souvenirs, dans le grand trouble d’abord, et puis dans une espèce de calme et d’espérance. Je croyais me connaître, et je ne me connaissais pas bien. Vous étiez dans mon cœur plus anciennement que je ne le pensais, et sans doute depuis les premiers jours où je vous ai vue. Je ne le savais pas. J’en remercie Dieu. Quelle inquiétude vous auriez été, ajoutée à tant d’autres ! Quelle objection pour moi-même dans le grand œuvre de ma conversion ! Et cependant, je n’ai jamais agi envers vous