Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/309

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non ! Nous ne nous marierons pas. J’ai eu, moi aussi, de grandes peines. Au revoir !

Ils étaient devant l’hôtel. Marie entra, Réginald demeura dans la rue. Il crut voir que la jeune fille, de loin, lui faisait un signe d’amitié. Et il demeura plusieurs minutes en face de la porte et du vestibule par où elle venait de disparaître, comme s’il attendait qu’elle revînt. Une voiture arriva du bout de la place, amenant des voyageurs. Il se recula, et s’éloigna vers le centre de la ville, le cœur battant à grands coups, l’esprit secoué, harcelé par des souffles de tempête, par toute la peine qu’il avait prévue, et par une autre qui se levait. Il faisait tête à cette meute ; il entendait les cris qu’elle poussait : « Votre père vous a renié, Réginald, votre mère pleure, et Redhall est perdu ! Tant et tant d’affections qui sont blessées ! Vous n’avez qu’à fuir. L’œuvre d’amour bâtie pour vous et par vous, les parents, les amis, les camaraderies, le lierre de votre maison, l’étang qui fleurira pour d’autres, et jusqu’aux petits renards qu’ils prendront, tout a été sacrifié par vous, tout ! Insensé, qui avez méprisé toute la fortune d’amour dont vivait votre jeunesse ! » Il les