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de son mal qu’il n’a pas le loisir de juger, avec ces amusements qui lui semblent encore plus vides qu’ils ne le sont. La mère le comprit, et emmena ses deux enfants dans une vallée du canton de Fribourg, puis, lorsque le temps fut venu de renvoyer la plus jeune en Angleterre, elle continua de voyager, seule avec Marie. La solitude fit son œuvre. Elle remit tout le passé devant la conscience de Marie. Dans le silence, les raisons qui avaient déterminé la jeune fille, qui s’étaient portées à son secours, en troupe, n’ayant chacune que le temps d’apparaître et de crier ! « Refuse ! » parlèrent abondamment. Elle les interrogeait, et il y avait un dialogue entre ce cœur douloureux et les puissances directrices de l’esprit, combattantes aux yeux clairvoyants, dispensatrices de la paix difficile. « Nous ne t’avons pas trompée, disaient-elles. Nous avions été mises autour de toi pour protéger ta faiblesse… Vois comme ta force est peu assurée, puisque, après nous avoir obéi, tu as pu douter !… Les hommes jugent légèrement, et leur légèreté est cruelle. Ils disent qu’un mariage est mal assorti s’ils aperçoivent quelque différence