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Marie, les yeux « couleur de thé » n’avaient pas perdu cette belle habitude de regarder en face, d’écouter merveilleusement, d’être limpides, d’être fermes, et de s’adoucir dès qu’elle parlait ; mais l’ombre s’était amassée autour d’eux. Les longues lèvres fines continuaient de sourire, mais si léger que fût l’effort, on le devinait, et la volonté d’être aimable ne ressemblait plus à l’élan de la jeunesse. Avec la paix les forces avaient diminué. Madame Limerel s’inquiétait. Elle s’était trop hâtée d’accepter l’invitation de la cousine bourguignonne. Le séjour dans un château, les promenades, les jeux, les visites aux environs, la monotonie agitée des vacances, la gaieté d’enfants nombreux, les prévenances d’une tante, l’inutile tendresse de plusieurs grandes cousines, inoccupées, jalouses d’être préférées, attirées toutes ensemble vers Marie, par le pressentiment d’un secret d’amour à connaître, ne pouvaient guérir une âme fière et capable de vie intérieure. Toutes les distractions du monde n’ont jamais eu raison d’une douleur qu’on aime. Elles y rejettent l’esprit, au contraire. Elles l’exaspèrent par leur médiocrité, et sans cesse il compare, secrètement, la noblesse