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demi relevé sur ses genoux, prête à reprendre la lecture, le laissa retomber, et posa la main sur les pages ouvertes. Elle se redressa en même temps, les épaules appuyées au dossier du banc, et elle hocha la tête plusieurs fois, comme celles qui ont de grandes objections à faire. Mais elle ne dit aucune parole, et elle soupira seulement. Madame Limerel, assise à la droite de sa fille, caressa la main encore pliée, qui s’allongea sous la caresse.

— Marie, je voudrais tant te voir reprendre ta belle humeur vaillante ! Tu as de bons jours, de très bons. Tiens ! hier, à Albano. Et puis, tu redeviens triste. Quand tu es triste, tu es moins jolie.

— Jolie ? Je n’y pense guère. Pour qui ?

— Pour moi, qui ai besoin de ta joie, comme d’une preuve que je t’ai élevée, aimée comme il fallait, que je t’ai rendue forte contre toi-même.

— Oh ! ne craignez pas ! je n’ai pas changé. Mais j’ai été si forte contre d’autres, et contre moi-même, que je suis lasse par moments. Il me semble quelquefois que je ne pourrais plus refaire ce que j’ai fait, tant cela m’a coûté. Mais