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Ah ! ma chérie, ce sont des heures précieuses !

— Croyez-vous que je ne le sente pas ?

— Elles me renouvellent l’âme.

— Vous êtes plus jeune que moi, maman.

— Je suis plus libre d’espérances, plus abandonnée, moins exigeante… C’est quelquefois meilleur.

Elles étaient venues s’asseoir dans les jardins du Pincio, qui dominent si bellement la ville, et qui font face au soleil couchant. Plusieurs fois depuis leur arrivée à Rome, elles avaient passé là les dernières heures du jour, lisant à demi-voix, tantôt l’une, tantôt l’autre. La tiédeur des terrasses, l’abri des arbres qui font des cadres aux lointains des collines opposées, le silence, l’heure si romaine du couchant glorieux, les ravissaient. Même, elles avaient choisi un banc sur lequel elles s’asseyaient d’habitude, non pas dans la partie des jardins qui est proche de la Villa Médicis, mais tout à l’extrémité, sous une voûte de chênes verts déjà anciens, et qui ouvre son arc au-dessus de la piazza del Popolo.

La jeune fille, qui avait cessé de lire depuis plusieurs minutes, mais qui tenait le livre à