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— Sans choix, sans gradation, sans le guide qu’il m’aurait fallu.

— Félicien !

— Enfin, je n’ai pas compris, à vous voir vivre, que la religion fût la loi à laquelle on doit tout soumettre. Voilà ce que je vous reproche. Voilà ce que je nomme votre faute. Si vous êtes croyant, tout au fond, mon père…

M. Limerel était atteint par les mots violents de son fils, et il ne protestait que faiblement. Il l’écoutait du même air qu’il eût écouté un supérieur. Mais quand il entendit douter de sa foi, il cria vivement :

— Mais oui, je suis croyant !

— Alors, il fallait l’être à fond, et faire de ma foi d’enfant, de ma foi de jeune homme, la règle, l’illumination, la force, la joie de ma vie… Je n’ai rien de tout cela, ni règle, ni force, ni joie. Si vous êtes croyant, et si ce que vous croyez existe, de quel paradis m’avez-vous chassé ?

— Tu déraisonnes, Félicien… Tu n’es pas tel que tu dis, je t’assure… Réfléchis aux mots excessifs que tu jettes à ton père et à ta mère…