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Madame Limerel, coiffée, mais en peignoir du matin, s’était avancée, de l’autre côté de la table, vers son fils dont elle prenait la main.

— Comme tu as froid ! Comme tu trembles ! Mais il est malade, cet enfant !

— Non, dit le père en avançant de deux pas : il est insolent, et je l’ai prié de sortir d’ici…

— Mon Félicien, je ne comprends pas…

— J’aurais mieux aimé que vous ne fussiez pas là, maman. Je vous aurais parlé plus doucement, à vous.

— Il nous accuse de l’avoir mal élevé, d’avoir fait son malheur…

— Ah ! par exemple !…

— Il me déclare, ma chère, qu’il se juge indigne de notre dévote nièce Marie, qu’il ne se sent pas assez chrétien pour l’épouser, et que, s’il n’est pas ce qu’il devrait être, paraît-il, le tort en est à nous deux, Elsa, à vous et à moi !

Elle laissa retomber la main de son fils, et s’écarta, revenant à son mari dont la colère l’avait toujours gouvernée.

— Il souffre, il est injuste : c’est naturel. Laissez-le s’expliquer, mon ami. Comme nous n’avons eu aucun tort, grand Dieu ! il vaut