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c’était autre chose : c’était l’harmonie du geste, la souplesse de la taille qui se dressait et se penchait, des épaules, des bras tendus, l’espèce de consentement de tout le corps pour exprimer, dans le plus simple mouvement, la grâce d’un être fier et d’une race vieille et fine. Personne n’en fit la remarque, même tout bas, bien que plusieurs eussent senti le charme. La jeune fille à laquelle s’adressait lady Breynolds, une Anglaise d’une vingtaine d’années, qui avait des yeux de gazelle rêveuse, un teint d’orchidée rose, mais qui venait de jouer cinq parties de tennis avec une fougue et une endurance extrêmes, Dorothy Perry, à demi couchée dans le fauteuil d’osier, la nuque appuyée, répondit dédaigneusement :

— Je ne trouve pas que cette étrangeté lui aille bien.

— Vous êtes difficile !

Marie Limerel paraissait avoir, en effet, une chevelure de pourpre. Elle avait des cheveux d’un châtain sombre et secrètement ardent, d’un ton de vieux cœur de noyer, relevés en couronne, un peu ondés, et que la lumière transperçait et changeait en or rouge ; on l’eût