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comme une autorité. Quelque chose de noble, un secret d’ordre religieux les réunissait pour quelques heures ; malgré la dissemblance de leurs natures, il y avait là une raison d’estime réciproque. Mais Réginald, bien plus que Félicien, en éprouva la force et s’y abandonna : il n’était pas jaloux ; l’incertitude religieuse qui l’agitait n’était mêlée d’aucun remords ; il souffrait de ne pas voir où était la vérité, mais aucun intérêt humain ne diminuait l’amour qui le portait vers elle. L’angoisse de Félicien Limerel avait d’autres origines, moins hautes. Il ne cherchait pas la lumière pour elle-même. Il souffrait moins de ne pas croire que des conséquences possibles d’un tel aveu. Le motif qui le faisait agir le laissait en proie au trouble, sans élan ; il suffisait seulement à jeter cette âme malade dans la compagnie des saints, à la faire vivre quelques heures dans le milieu où les prodiges silencieux de la grâce sont fréquents.

— Alors, c’est convenu ! dit l’Anglais. À huit heures un quart, vous me trouverez dans le salon de l’hôtel ; j’aurai dîné, nous prendrons une voiture…