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Et deux fois, puisque, si je dois renoncer à elle, c’est que j’ai renoncé à la foi catholique… Marie m’a interrogé en honneur. J’ai promis. Ah ! quelle cruauté ! M’obliger à cet examen, devant lequel, en somme, reculent tant d’hommes plus âgés que moi, qui vivent sans vouloir établir le bilan de leurs défaites morales et de leurs défaillances religieuses ! Ils n’y pensent qu’en mourant. Quelques-uns n’y pensent jamais. Et moi, il faut que je fasse avant l’heure l’examen et l’aveu, et si je me condamne, je ne serai pas pardonné… Marie est sûre de ma sincérité, et voilà le plus affreux. Ne pas pouvoir mentir, ne pas savoir ! Non, Marie, je ne mentirai pas… Mais pourquoi cette question entre nous est-elle devenue si impérieuse ? Depuis le retour à Paris, depuis le séjour ici de cet Anglais. Que veut-il ? Je le soupçonne d’aimer, lui aussi. Ah ! s’il était capable de cette fourberie ! d’avoir joué les cafards ! d’avoir feint la bigoterie, pour se faire bien voir de Marie et de ma tante ! Que sait-on de lui, en vérité ? Lui et moi, on nous compare silencieusement. S’il n’est pas le rival, il est l’idéal, le modèle dont je diffère sensiblement. Il commence