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est extrême, et il marque plus sûrement qu’un poteau frontière la limite de Paris. C’est la maison du Calvaire, où sont recueillies, soignées et aimées les femmes pauvres cancérées, celles qui ont des plaies vives apparentes et incurables. Réginald monte les marches du perron qui donne accès dans la galerie, au bout du jardin. Une répugnance violente, et qu’il maîtrise difficilement, le fait balbutier et oublier son français, quand une dame en deuil, coiffée d’un bonnet noir, lui demande ce qu’il veut. Il tend une lettre d’introduction. Pendant qu’il parle à l’infirmière, il a l’impression que des germes du mal terrible voltigent dans l’air, qu’il va les respirer, qu’ils se fixeront sur ses lèvres, ou qu’ils se logeront dans les glandes de ses yeux. Il s’étonne de ne sentir qu’une odeur légère, d’iodoforme, pas l’autre odeur, l’horrible, celle de la chair humaine pourrie, celle de la destruction. Plusieurs réponses l’émeuvent aussi vivement que ces répulsions et ces instincts en révolte, mais d’une autre manière. L’infirmière est une femme d’une quarantaine d’années, au visage clair, et tout illuminé parla santé morale. Elle parle bien, en Parisienne qui a peu de temps