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eût tourné la tête. Tout à coup des cris de victoire s’élèvent, clairsemés parce que le lieu est « select » ; on agite les mains en l’air ; des amis traversent la pelouse au galop de course, d’autres au grand pas militaire.

— Bien joué ! Bien joué, Réginald !

Personne n’est plus occupé à causer, à boire le thé, personne ne somnole. Un homme rassemble toute l’attention éparpillée. Il est le héros. Les joueurs et les joueuses du club, leurs amis et amies, le considèrent avec émotion. Son nom est prononcé par tous ceux qui n’ont pas voulu crier : « Réginald ! » Quelqu’un dit : « Il me rappelle le jeu du plus remarquable champion que j’aie connu. Même souplesse. C’est dommage qu’il appartienne à l’armée des Indes. Il deviendrait célèbre. » Lui, à peine la dernière balle lancée, entendant : « Hurrah ! », il a eu un sourire bref et plein, une sorte de remerciement à la vie, à la lumière du printemps, à l’air qui vient tout vierge de la mer, par-dessus la barrière de petits sapins, de fusains et de lauriers ; il a cherché, un instant, autour de lui, la jeune fille qui lui a servi de second, bien inférieure,