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témoins successifs, venaient déposer. Elles disaient :

« Que crois-tu ? Comment pourrais-tu être un homme de foi ? Tout petit, tu as été laissé aux mains des domestiques, passantes de la maison, pour qui tu n’étais qu’une petite chose criante, qui fait veiller tard, quand la mère et le père sont sortis. Onze heures, minuit, une heure. Quels tristes anges gardiens ! Pour une qui joignait tes mains et t’apprenait une prière, combien t’ont couché en grondant, ou en chantant, sans appeler le ciel dont l’enfant a besoin, pour être tout l’enfant ?

» Quelle étude as-tu faite de ta religion ? Quelle immense place a tenue, dans ton adolescence, la pensée du baccalauréat ! Le collège où tu as été d’abord demi-pensionnaire, et, pour finir, externe, donnait à l’enseignement religieux une place mesurée, suffisante si les parents prenaient soin de faire répéter la leçon, de l’expliquer, de la montrer surtout vivante en eux. Il y avait plusieurs prêtres zélés, qui tâchaient de mettre un peu de divin dans ces esprits tout occupés du monde, saturés de bruit, troublés par la rue, les journaux, les affiches,