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de l’âme, toi l’ardente, toi la non diminuée, toi la dévouée.

— Si mon amour pouvait te rattacher à la foi ! Mais non, ce n’est pas assez. La force doit venir d’ailleurs : je prierai.

— Dis, quand nous reverrons-nous ? Tu m’es chère désespérément.

— Chez ma tante, après-demain. Mais je te défends de rien me dire ce jour-là. Je ne veux pas que tu me parles. Je veux que tu me fuies ! Laisse passer des jours, des jours, encore des jours ! Ne nous condamne pas trop vite !

— Nous ! Ah ! que tu es bonne !

— Adieu.

— Prie bien, toi, Marie, prie pour deux.

Ils se donnèrent la main, et dans l’étreinte rapide de leurs doigts, tout l’honneur de leurs âmes jeunes et blessées s’exprima. Ce fut comme un serment d’attendre dans le silence l’avenir inconnu, prochain, menaçant.


Félicien ne voulut pas rentrer chez lui. Il était trop violemment troublé pour affronter les regards de son père. Il était trop irrité. Toute sa jeunesse se levait ; toutes les années,