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— Que mon mariage eût quelque chose d’éternel. Je crois qu’ils sont médiocres, ceux qui ne sont pas faits pour la durée sans fin. Je pense qu’une famille qui se fonde a un retentissement infini, avant elle, après elle. Je voudrais être la mère d’une race sainte.

— Tu en serais digne, Marie. Mais l’autre, où le trouveras-tu ? J’en connais quelques-uns qui pensent comme toi et qui vivent comme tu le dis. Mais ceux-là ne t’aiment pas ! Ils sont meilleurs que moi, mais ils ne t’aiment pas ! Ils passeront près de toi, et ils ne sauront pas ce que tu vaux. Quelle œuvre d’ailleurs plus belle que de ramener à Dieu l’homme que tu aurais choisi ?

— Aujourd’hui, cela ne se peut plus guère, Félicien. J’aurais à lutter contre le monde entier. Je n’arriverais pas.

— Pourtant, petite Marie, les vierges chrétiennes épousaient des païens ?

— Elles étaient bien obligées. Et puis, ils étaient, eux, des païens excusables des ignorants de la vie vraie.

— Et nous ?

— Ceux d’aujourd’hui sont des chrétiens flétris.