Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

et il avait les yeux errants devant lui, ne voyant que son chagrin. Elle l’écoutait, droite, devenue grave, comme une poupée très sérieuse, et elle continuait, par moments, de refaire sa coiffure déséquilibrée. Mais elle écoutait bien. Elle baissait les paupières, à certains mots, comme s’ils lui faisaient mal. D’autres fois, elle tournait la tête pour dire quelque chose de négatif : impossible, trop tard, illusion… La belle madame Limerel souffrait de voir souffrir, et elle souffrait aussi de ne pas être libre de consoler.

— Maman, je suis très malheureux.

— Qu’as-tu, mon enfant ?

— Nous ne sommes que trois chez nous. Vous ne vous entendez guère avec mon père…

— Qu’en sais-tu ? Mais si ! Tu te trompes, Félicien, je…

— Moi, sur une question très grave, je ne m’entends pas avec lui, et je ne sais pas si je m’entendrai avec vous.

— Dis ; il s’agit de ce projet ? Si la fille du baron Tourette ne te plaît pas, ton père et moi nous chercherons une autre jeune fille…

— Elle est trouvée.