Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

Félicien… Vous direz que vous ne m’avez pas vu… Ne pâlissez pas comme vous faites, voyons ! C’est ridicule. Quand serez-vous une vraie femme ? une volonté ?

Elle demeura le visage tourné vers le couloir par où son mari disparaissait ; elle pensait : « Vous, quand serez-vous un vrai homme ? Quand serez-vous un cœur ? » Elle sentait que, dans cette minute grave, tout un passé avait sa répercussion ; elle souffrait d’être seule, contrainte d’agir contre son instinct, et sans doute contre la justice.

Félicien entra. Elle eut un geste qui fut toute son habileté. Pendant qu’il entrait, et qu’il la regardait, tendrement, de ses yeux interrogateurs, madame Limerel enlevait une à une, avec régularité, les grandes épingles dorées et strassées, déposait sur la table son chapeau de fleurs, et, du bout de ses doigts, à petits coups, disciplinait ses cheveux.

— Mon père n’est donc pas rentré ?

— Non, mon chéri, pas encore. Tu reviens du Salon, de…, enfin, es-tu content ?

Il avait de clairs yeux fermes, qui devenaient tout à coup humides, spirituels, railleurs ou