pas là… Pourquoi faites-vous ces yeux durs ?
Limerel se leva, jeta sur le bureau un coupe-papier d’ivoire avec lequel il faisait volontiers, en parlant, le geste de trancher, et il se mit à marcher très lentement, les bras croisés, entre la porte et la fenêtre, et sans cesser de regarder sa femme, qui se levait, elle aussi, et qui s’apprêtait à céder, en se retirant.
— Parce que, dit-il, vous êtes au fond la vraie coupable. Vous êtes cause que Félicien a des goûts ridicules, puisqu’ils combattent les miens…
— Il s’agit de son mariage, Victor !
— Il s’agit de son avenir, et il le compromet. Si vous ne lui aviez pas donné une passion pour l’idéal, qui m’inquiète… parfaitement, qui m’inquiète, une piété excessive…
— Qu’est-ce que vous appelez excessive ?
— Celle qui gêne, parbleu !
— Hélas ! il ne pratique plus ; vous le savez bien : c’est même un de mes chagrins.
— Je ne m’occupe pas de cela. Ce que je lui reproche, c’est d’être un esprit essentiellement romanesque et mystique.
— Pauvre enfant, un peu d’enthousiasme, qu’il tient peut-être de moi.