Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, je l’ai décidé.

— Pauvre, pauvre enfant !

Elle ouvrit ses bras, et tendre, effarée, tragédienne involontaire et superbe, elle embrassa ce grand enfant, et elle le fit asseoir près d’elle, et puis elle l’écouta. Elle tâchait de faire taire ses propres indignations, les reproches que sa conscience et ses habitudes lui suggéraient, car elle était aussi attachée que son mari à l’Église établie, pour n’écouter que sa pitié maternelle. Près d’elle, Réginald pouvait être triste. Il ne pleurait pas. Mais, tandis que devant son père, qui luttait, il était demeuré respectueux et froid, ici, sans témoin, près de partir, il ne cachait pas sa peine profonde. Jeunesse qui inspirait la compassion la plus véritable, enfant qui se sentait regretté, âme cependant qui ne trouvait d’écho que pour son chagrin, et dont l’angoisse intellectuelle, la noblesse, le haut honneur étaient ignorés de celle qui l’aimait, de celle qui était la mère, et qui disait : « Mon Réginald, que vous êtes cruel, pour nous aussi bien que pour vous ! » Il abandonnait une de ses mains entre les mains de sa mère, et la mère était fière, secrètement, de voir ce bel homme, ce beau fils,