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volontiers un troisième, mais sir George le prévint, et, prenant lui-même un havane à bague d’or, il dit gravement :

— Emportez cela, mon ami, vous le fumerez dans votre chambre : j’ai quelque affaire à traiter avec mon fils.

Rappelé au sentiment du drame familial qu’il avait oublié, Hagarty eut un soubresaut, et il considéra une demi-minute le cigare qu’il tournait et retournait entre ses doigts, se demandant s’il ne serait pas bon d’exhorter son ami à l’indulgence… Mais la réserve, la crainte d’empiéter sur le droit d’autrui, l’emportèrent. Il se tut, et serra seulement la main du père et du fils, qui demeurèrent seuls. Les pas s’éloignèrent, plaintes diminuantes, sur le parquet du corridor et de l’escalier. Sir George, sans se lever, fit faire demi-tour à son fauteuil et se trouva en face de Réginald, qui était debout, les jambes touchant la table de milieu. En voyant que son père allait lui parler, Réginald s’écarta un peu de la table.

Le baronnet leva la tête, d’un mouvement brusque, et regarda fixement son fils. Toute la maison était silencieuse. Il mit un peu de