diocres, butés au détail y de se refuser à voir r ensemble.
Camille Lemonnier suggère toujours quelque chose de véhément et de débordant, d’excessif et d’outrancier, comme la vie. C’est qu’il est naturellement, du fait de son tempérament et de sa race, un démesuré, en comprenant au sens latin cette qualité de la proportion et de la mesure dont toutes les choses fortes sont dépourvues, en première ligne la nature. À l’horreur que l’on devine chez lui de tout ce qui est sec, pondéré, d’une harmonie petite et factice, de tout ce qui se peut symboliser en l’art de notre dix-septième siècle, se révèle l’homme du Nord, l’instinctif panthéiste, le primitif qu’ont recréé les forces obscures de la race, le fils des barbares que ne put contaminer l’emprise romaine. Il a bien emprunté l’habit latin pour en vêtir ses conceptions, mais combien a-t-il dû le découdre et le retailler, l’élargir et le transformer, en bouleverser l’ordonnance, pour l’adapter à sa taille !
La part d’harmonie et d’équilibre qui est dans cette œuvre, c’est au génie latin qu’elle est due, par l’entremise des maîtres qu’il s’assimila. Il s’en déduit que son œuvre, en ses plus hautes parties, réalise une combinaison de son instinct septentrional et de son art à base latine. Rare et merveilleuse synthèse ! Chaque fois que l’accord s’est réalisé intégral entre ces deux composantes de son art, un chef-d’œuvre est né. C’est l’union tant cherchée de l’esprit du Nord et de la forme du Midi qui en lui se réalise, lui constituant, aux côtés de son aïeul Rubens, en qui se manifesta le même splendide phénomène, une toute-puissante originalité.
Je dois dire un mot plus spécial de l’artiste de la forme, de l’ouvrier souverain qu’est Lemonnier. La langue est un élément prépondérant dans son œuvre. Sa forme, il se l’est créée de toute pièce, par un labeur immense qu’éclaira son