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ment sur son idée et sa conscience, mais sur sa vie et ses habitudes d’écrivain. Il nous donne ainsi l’indispensable commentaire de son œuvre, en un roman qui tient du plaidoyer, de la confession et de la fière revendication, où il a fait entendre ses protestations d’honnête artiste et révélé le sens de son effort, le secret de sa longue lutte d’art et d’idée. Pour ceux qui ne l’auraient pas entendu, le mot final de son œuvre et de sa vie s’y trouve enfermé Ils se sentiront face à face avec une grande nature, s’y dénudant en la franchise de sa force et la conscience de sa vérité.

Il est d’autres Lemonnier à côté de celui-ci. L’auteur des vingt-cinq romans que nous venons d’analyser est également celui de cinq volumes de critique d’art, de dix-huit volumes de contes, de quatre pièces et d’un livre énorme, La Belgique. Ainsi, dans les pans de son manteau on pourrait facilement tailler de la gloire pour une demi-douzaine d’écrivains ; car il est un prodigue et un plantureux. Il ne sait pas compter. Vous pourriez lui voler la moitié de son œuvre qu’il demeurerait riche encore. En cet être aux multiples activités — et pourtant si simple au fond — le romancier figure bien l’axe, mais les autres parties de l’œuvre sont aussi authentiquement de lui, et achèvent de lui donner sa vraie physionomie.

Avant tout il y a l’écrivain d’art.

C’est par des « Salons » que Camille Lemonnier a débuté dans la littérature, à 19 ans, et s’il ne s’était pas révélé plus tard romancier, conteur, etc… c’est la défense de l’art qui l’eût conduit à la notoriété. C’est parmi les peintres qu’il conquit ses premières amitiés. Il est né à la vie mentale, il s’est développé dans une atmosphère d’art. Et parmi les écrivains d’art il a fortement marqué sa place.