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quatre ou cinq ans, le Taylorian Institute l’invitait à venir faire, à Oxford, une conférence en français sur la Poésie contemporaine. Des critiques comme Edmond Gosse ou George Brandes lui consacrent des pages. Mais c’est en Allemagne surtout que son nom n’a cessé de grandir depuis peu. Récemment deux hommages éclatants lui sont venus de ce côté : un choix de poèmes merveilleusement traduits, ou plutôt recréés, par Stefan Zweig, et présentant comme une synthèse de l’œuvre entière de Verhaeren sous son triple aspect d’interprète de sa terre, de lui-même et du monde, puis une monographie due au romancier, poète et critique Johannes Schlaf, nature congéniale dont la chaude et véhémente appréciation est le plus beau témoignage dont un écrivain puisse se vanter. Et, chaque mois, des articles, dont l’énumération remplirait plus que cette page, propagent son nom avec une insistance dont nul autre poète français vivant n’est l’objet. C’est peut-être en Allemagne — soit dit en passant — que Verhaeren est envisagé sous son jour le plus vrai, non plus comme un poète belge ou français, mais comme un Weltempfinder, un artiste qui œuvre avec le sentiment du monde. En Suède, Ellen Key lui a consacré de ferventes pages ; en Russie, Valère Brussov et d’autres le traduisent et l’étudient méthodiquement. Maryi Markowskiej traduit les Aubes en polonais, et la jeune Espagne le connaît et l’honore. Verhaeren est en un mot l’un de ces hommes représentatifs dont le nom tend de plus