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entendre ce large accent religieux qui appartient aux seuls grands bardes.

La fréquence à travers toute son œuvre de telle interjection, « Dites !… » lui communique je ne sais quoi de communial et de fervent. Sa rêverie a l’intensité et l’ardeur d’une oraison : en présence des nouveaux dieux, le poète a conservé la piété brûlante du fidèle…

Et je songe, comme on prie…




De quelle émotion ce volume des Tendresses Premières (1904), jailli du cœur du poète au lendemain d’une crise nouvelle qu’il eut à subir aux approches périlleuses de la cinquantaine, apparaît chargé, lorsqu’on évolue le chemin parcouru jusque-là et le sentiment dont il est né ! Le voici, après le voyage et les épreuves, revenu au village où s’écoula son enfance et parcourant tous les lieux familiers qui modelèrent sa petite âme de gamin tendre et volontaire… Le délicieux bain de nature et de jeunesse ! Une exquise fraîcheur d’aube parfume ce recueil où Verhaeren a enfermé ses vingt premières années de Saint-Amand, et qu’il a dédié à sa sœur Maria. On le respire comme une touffe de fleurs sauvages.

Réchauffé, invigoré par ces bons souvenirs, le