Et comme les Visages, les Forces Tumultueuses
s’achèvent par une vision océanique où Verhaeren
me paraît avoir réalisé le prodige d’art auquel un
autre grand barde déclarait n’avoir jamais pu
atteindre complètement en poésie : la beauté
presque surhumaine d’un navire voguant toutes
voiles dehors sur la mer ensoleillée. C’est la
pièce inoubliable où passe la nef de l’humanité :
La proue ardente et fière et les haubans vermeils,
Le haut navire apparaissait, comme un archange
Livres prophétiques, livres-phares que ces deux
recueils, monuments de pensée et d’art fondus
au creuset d’une âme brûlante, trop beaux peut-être —
je veux dire trop forts et trop inondés de
clartés — pour l’humanité trouble d’aujourd’hui.
Ce sont surtout des livres futurs. Et ils représentent
pour moi le Verhaeren suprême, celui
dont la voix jamais ne se perdra.
Beaucoup de curiosité et de sympathie ont accueilli l’effort dramatique que, par trois fois, a tenté Verhaeren. Au point de vue scénique pur, nous ne pouvons nous dissimuler la faiblesse des Aubes (1897), malgré l’heureuse innovation qui