Entre les Villes et les Aubes, le délicieux poème
des Heures Claires (1896) marquait une heure de
repos sur la route, une heure dont la divine translucidité d’amour et de bonté ne s’oublie pas. Ses
strophes ailées, printanières, traduisent un moment unique dans la vie du grand tourmenté,
celui où, auprès de la compagne au front clair et
aux mains tendres qui versa sur ses lassitudes tant
de réconfort, le poète s’est senti une âme pascale,
est redevenu un petit enfant, ébloui des choses,
de lui-même et de son bonheur, et qui se laisse
bercer en murmurant des mots d’adoration…
Ô la tendresse des violents ! Quel prodige de douceur
lumineuse quand elle éclate soudain !
Pour recueillir le merveilleux bonheur
Après l’orgie de foules et de spectacles et de clameurs qu’il venait de célébrer, en artiste fastueux, un Verhaeren imprévu, aussi vrai que l’autre, offrait une œuvre de pure intimité, monochrome et sans autre geste que celui de deux êtres qui se serrent l’un contre l’autre. Dans l’orchestre formidable de son vers, ce sont les harpes seules que l’on entend en ce moment et les violons parfois.
En présence d’une œuvre comme les Villes Tentaculaires, qui si génialement attestait, en les exaltant, les puissances poétiques, si longtemps en-