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Carlyle qui eut lui aussi à subir l'emprise de la dyspepsie et dont l'œuvre en porte si profondément les traces. Et ce n’est pas à ce seul point de vue pathologique qu’entre le grand Écossais (dont l’émouvant portrait par Whistler occupe une place de choix dans le studio de Verhaeren) et le grand Flamand, un parallèle pourrait être esquissé. Vastement dissemblables en tant qu’hommes et que penseurs, ils offrent, comme artistes, de frappantes analogies, dont la principale est leur commune tendance au paroxysme. Tous deux de grands Nordiques, hantés de visions d’apocalypses, violents, rugueux, démesurés, magnifiques, emplis de désolation et de ferveur, d’âme surabondante et brûlante, — tous deux escaladeurs de Sinaïs.

Après ces pages de douleur et d’orgueil exaspérés un apaisement est survenu, que traduisent les Apparus dans mes Chemins (1891) et les Campagnes Hallucinées (1893).

Le recueil qui vint ensuite annonce clairement des préoccupations nouvelles. Il fait époque dans l’œuvre. Les Villages Illusoires (1894) renferme en effet les strophes les plus augurales que le poète ait jusque-là publiées, de même qu’il offre une signification d’art très à part des volumes antérieurs. L’intention que réalisa les Villages était celle-ci : choisir comme héros les gens des petits métiers, les pauvres artisans des bourgades qu’il avait connus à Saint-Amand» et les « im-